Vouloir effacer les traces du temps ou celles d’évènements accidentels sur nos Monuments Historiques, adapter ces édifices emblématiques à de nouveaux défis comme l’accueil de grandes manifestations posent la question de la gestion du plomb sur les chantiers de restauration. Ce métal est utilisé depuis des millénaires dans la composition de nombreux éléments de nos monuments. Ces objectifs patrimoniaux mobilisent une multitude d’acteurs et révèlent autant d’intérêts spécifiques à accorder : architecture, culture, tourisme, santé, sécurité… Antea Group, acteur majeur de la déconstruction, du désamiantage et de la gestion du risque plomb s’est spécialisé dans la conduite de missions d’audits et de travaux de restauration de bâtiments témoins phares de notre Histoire. Une histoire qui débute ici par le rappel d’un élément clé de leur composition : le plomb.
Un usage millénaire du plomb, mais réduit et réglementé au cours du XXème siècle
Depuis l’Antiquité, le plomb naturellement présent dans notre environnement a été utilisé dans de nombreux domaines : monnaies frappées, vaisselle, réservoirs et canalisations, constructions, imprimerie, batteries, peintures, etc. Mais en raison de sa toxicité décelée au cours du XXème siècle, son utilisation a été réglementée. En effet, des intoxications de jeunes enfants ont été révélées au cours des années 90 dans des logements construits avant 1949. Ces cas de saturnisme ont impliqué une évolution réglementaire avec la loi dite Borloo d’août 2003. La connaissance des troubles chez l’homme provoqués par des poussières contenant des composés du plomb classés comme Cancérogènes, Mutagènes ou Reprotoxiques (CMR) est relativement récente et concerne principalement la fertilité, la fonction rénale et le fonctionnement neurologique.
Aujourd’hui, la réglementation sur le plomb relève du Code de la Santé Publique et du Code du Travail. Elle prend en compte deux préoccupations majeures :
- Le repérage de la présence du plomb avec la définition d’un seuil réglementaire de teneur en plomb exprimé en mg/cm² qui impose la réalisation de travaux pour réduire au maximum l’existence de plomb dans le parc ancien de logements.
- Une limitation de l’exposition des opérateurs de chantier au risque plomb qui est un enjeu d’hygiène et de sécurité au travail face au risque d’ingestion ou d’inhalation. Une Valeur Limite d’Exposition Professionnelle (VLEP), mesurée en mg/m3 d’air, a été définie de même qu’une valeur biologique indiquant le taux de plomb dans le sang à surveiller et à ne pas dépasser.
Ce cadre réglementaire, qui compose avec l’usage du plomb sans aller jusqu’à son interdiction totale, permet d’optimiser les protocoles de travail et de prévention du risque plomb sur les chantiers.
Un métal patrimonial et indispensable dans les Monuments Historiques
Le plomb a été largement utilisé dans la conception des Monuments Historiques. Sa résistance à la corrosion, sa malléabilité, sa température de fusion relativement basse en font un matériau très utilisé dans les couvertures, les vitraux, les chéneaux et ornements. On le retrouve également dans les peintures et fresques murales, les sculptures, les tuyaux d’orgue et les rejointoiements de pierres. Le plomb a été aussi utilisé sur les architectures métalliques sous forme de peintures au minium comme protection anti-rouille (produit aujourd’hui interdit).
Les Monuments Historiques sont par ailleurs exposés comme l’ensemble des autres types de bâtiments à la pollution de l’air émise par l’industrie, le chauffage urbain, la circulation automobile, qui génère des dépôts de poussières de plomb, et nécessitent des nettoyages des façades patrimoniales.
L’omniprésence du plomb dans les édifices et œuvres à conserver implique un accompagnement des multiples acteurs de la restauration (architectes, maîtres artisans et compagnons des différents corps de métier concernés). Cela inclut notamment une sensibilisation au risque plomb et une définition de modes d’intervention adaptés aux travaux de restauration et qui permettent de limiter l’exposition au plomb. On parle dans ce cas de travaux en condition plomb. Ce métal est qualifié de patrimonial dans les Monuments Historiques car il s’avère indissociable de la composition des œuvres et édifices à restaurer. Ainsi, le retrait des éléments en plomb (déplombage) n’est pas envisagé. La décontamination concerne avant tout le traitement des supports contaminés par les poussières de plomb pour en réduire la concentration surfacique.
La présence du plomb est par conséquent un sujet sanitaire et technique de plus en plus présent sur les chantiers de restauration/conservation des Monuments Historiques. Sa gestion doit répondre à deux enjeux majeurs : la protection de la santé des intervenants sur les chantiers et la conservation des Monuments Historiques.
Une réglementation en évolution pour le repérage du plomb avant travaux mais encore imprécise
L’application de la réglementation sur le repérage du plomb avant travaux demeurait jusqu’à il y a peu inadaptée sur d’autres types de bâtiments que les logements anciens, contrairement à ce qui a été défini pour la gestion du risque lié à l’amiante, matériau hautement toxique interdit depuis 1997. Cette situation rendait complexe la préparation et le suivi des chantiers en présence d’éléments en plomb et de revêtements en peinture plombée. La publication en juin 2021 par l’AFNOR de la norme NF X46-035 relative au repérage plomb avant travaux, rénovation ou démolition d’un immeuble bâti permet aujourd’hui de disposer d’un texte réglementaire définissant le contenu, la méthodologie et les modalités de réalisation de la mission de repérage du plomb avant travaux qui facilitera l’organisation des prochains chantiers.
Cependant, si toute intervention exposant au plomb est soumise au contrôle du non-dépassement de la Valeur Limite d’Exposition Professionnelle (VLEP) et au respect du Code du Travail, ce dernier n’identifie pas de niveaux de risque et laisse ainsi des zones d’ombre en l’absence de seuils réglementaires de dépollution réduisant au maximum ce risque. Cette imprécision complique la gestion et le contrôle des travaux de décontamination des supports existants dans un bâtiment.
Par ailleurs, l’élimination totale du plomb reste incompatible avec un objectif de conservation patrimoniale. Il faut composer avec le maintien de son usage dans la restauration des patrimoines tout en sécurisant les conditions d’intervention des différentes expertises techniques (artisans d’art, couvreurs, maîtres verriers etc.).
Antea Group sécurise les chantiers de restauration des Monuments Historiques
Antea Group, en qualité de Maître d’Oeuvre spécialisé plomb, assiste les Maîtres d’Ouvrage et les Maîtres d’Oeuvre (Architectes en Chef des Monuments Historiques, Musées Nationaux, etc.) dans l’organisation, la gestion et le contrôle du respect des conditions d’intervention des multiples acteurs : entreprises des travaux, experts dans la restauration patrimoniale, etc. Cet accompagnement repose sur la mise en œuvre de protocoles d’intervention adaptés, d’accès et sorties du site sécurisés, ainsi que d’une formation des corps de métier spécialisés à la prise en compte du risque d’exposition à ce « plomb patrimonial » : respecter des consignes d’hygiène et de sécurité, utiliser des matériels adaptés tels que des aspirateurs à très haute efficacité pour le nettoyage des chantiers, etc.
Les missions sont réalisées en concertation étroite avec les organismes de la Santé et de la Culture spécialisés dans la prévention et le contrôle.
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